Gabon – Destruction des marchandises et boutiques des Béninois: le silence assourdissant de Libreville
Depuis quelques jours, des vidéos montrant la destruction de marchandises et la fermeture forcée de boutiques appartenant à des ressortissants Béninois au Gabon circulent sur les réseaux sociaux. En toile de fond, une polémique alimentée par des tensions verbales entre internautes des deux pays, après la visite du tiktokeur béninois Alain Kenneth à Libreville. Face à l’escalade, le gouvernement béninois a lancé un appel au calme, mais à Libreville, le silence des autorités gabonaises interroge.
Tout est parti d’un séjour au Gabon, du 10 au 16 septembre 2025, du créateur de contenu béninois Alain Kenneth. Durant son passage, il a publié plusieurs vidéos mettant en avant la fraternité entre Béninois et Gabonais. Mais l’une d’entre elles, montrant un quartier populaire de Libreville, a été jugée offensante par une partie de l’opinion gabonaise. Selon certains internautes, ces images présentées sans contexte auraient donné une image dégradante du pays.
À son retour à Cotonou, le tiktokeur a alerté sur l’arrestation de son hôte gabonais, accusé à tort de complicité. Il affirme que lui-même serait désormais visé par des recherches, alors que ses vidéos n’avaient, selon ses propos, aucune intention de dénigrement. L’affaire a très vite enflammé les réseaux sociaux, où les débats ont pris un tour passionnel et parfois violent. Des invectives, parfois teintées de xénophobie, se sont multipliées de part et d’autre.
Le gouvernement béninois, inquiet de cette escalade verbale, avait déjà publié le 18 août 2025 un communiqué officiel. « Le gouvernement de la République du Bénin invite les internautes des deux pays à faire preuve de retenue et de fraternité dans leurs publications », peut-on y lire. Rappelant que le Bénin et le Gabon entretiennent des « rapports de coopération solides » et que leurs ressortissants bénéficient « de la bienveillance des autorités nationales », l’Exécutif béninois a réaffirmé son engagement pour la paix et le dialogue.
Des excuses publiques d’Alain Kenneth
Face aux accusations, le tiktokeur béninois a pris la parole dans une vidéo d’excuses publiques adressée au peuple gabonais. « Cher Gabonais, je tiens à vous rassurer que je n’étais pas venu au Gabon dans le but de dénigrer votre pays, ni d’offenser les Gabonais. Mon seul but, c’est de montrer au monde entier que nos ressortissants n’ont aucun problème au Gabon », a-t-il déclaré. Alain Kenneth a expliqué avoir filmé l’aéroport, la ville et plusieurs sites pour mettre en avant les aspects positifs du pays.
Conscient du malentendu provoqué par certaines images, il a présenté ses regrets. « Je peux vous rassurer que si je savais que ça allait vous choquer, je n’allais jamais poster une telle vidéo. Donc pour ça, je vous prie d’accepter mes plus sincères excuses. » Le créateur de contenu a insisté sur le bon accueil qu’il dit avoir reçu au Gabon, allant jusqu’à rappeler un épisode où il a récupéré en moins de 24 heures deux téléphones et son passeport perdus, preuve selon lui de la sécurité du pays.
« Je suis le seul responsable de tout ce qui se passe actuellement sur les réseaux sociaux. Je suis prêt à assumer mes responsabilités. Si j’étais réellement votre cible, j’aurais encore la possibilité de venir au Gabon répondre à mes actes », a-t-il conclu, appelant à l’apaisement et au retour à la fraternité.
Des attaques contre les commerces béninois
Mais sur le terrain, la tension s’est muée en actes hostiles. Dans certaines villes gabonaises, des groupes de manifestants ont ciblé des commerçants béninois. Des vidéos relayées en ligne montrent des boutiques fermées de force, des marchandises saccagées et des commerçants menacés d’expulsion. Certains protestataires sont même allés jusqu’à demander publiquement le départ de tous les Béninois installés au Gabon.
Ces images, tristes et choquantes, posent le problème du respect de la libre circulation des personnes et des biens, pourtant consacrée par les textes de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) à laquelle appartient le Gabon. Pour de nombreux observateurs, ces violences rappellent les épisodes de xénophobie enregistrés ailleurs sur le continent, et risquent d’entacher la réputation du Gabon comme terre d’accueil.
Du côté des commerçants béninois, la peur est désormais palpable. Beaucoup redoutent de sortir ou d’ouvrir leurs boutiques. Leurs familles, restées au Bénin, expriment également leur inquiétude. Sur les réseaux sociaux, plusieurs témoignages appellent à la solidarité et à une réaction ferme des autorités.
Le silence de Libreville, une responsabilité politique
Pour l’heure, le gouvernement gabonais n’a pas officiellement réagi. Ni le président, Brice Clotaire Oligui Nguema, ni ses ministres n’ont dénoncé les violences ni rassuré la communauté béninoise. Cette attitude est perçue comme un silence coupable, voire une caution tacite de comportements inacceptables.
Cette absence de prise de parole contraste avec la promptitude du gouvernement béninois à calmer les ardeurs. Déjà en août, lors d’une crise similaire où des ressortissants béninois avaient été pris pour cibles, Cotonou avait choisi l’apaisement plutôt que la confrontation. Mais à force de jouer seul la carte de la diplomatie, le Bénin risque d’apparaître comme une partie faible dans ses relations bilatérales avec Libreville.
Dans les milieux diplomatiques, on estime qu’un communiqué officiel du gouvernement gabonais, condamnant les violences et appelant au respect des communautés étrangères, aurait suffi à désamorcer la situation. Au lieu de cela, la colère grandit, alimentée par le sentiment d’injustice et d’abandon ressenti par les commerçants béninois.
Entre coopération et tensions
Pourtant, les liens entre le Bénin et le Gabon sont anciens et solides. Depuis des décennies, des milliers de Béninois vivent et travaillent au Gabon, contribuant à son économie, notamment dans le commerce de détail, le transport et les services. De leur côté, les autorités béninoises ont toujours fait preuve de bienveillance à l’égard des ressortissants gabonais présents sur leur territoire.
L’incident actuel fragilise donc non seulement des vies individuelles, mais aussi l’image d’une coopération Sud-Sud vantée par les deux gouvernements. La fraternité africaine invoquée par le Bénin perd de sa substance si, de l’autre côté, les actes de violence restent impunis.
Au-delà de la crise présente, l’affaire pose une question de fond. Comment prévenir et gérer les tensions liées aux migrations intra-africaines ? Alors que l’Union africaine promeut l’intégration continentale et la libre circulation, chaque épisode de xénophobie mine ce projet collectif.
Vers une nécessaire clarification
La balle est désormais dans le camp des autorités gabonaises. Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la transition et garant de la stabilité nationale, a la responsabilité d’apaiser la situation et de protéger toutes les communautés vivant sur le sol gabonais. Son silence prolongé risque de fragiliser la transition politique qu’il conduit et d’entacher son image internationale.
De son côté, le Bénin devra continuer à user de diplomatie, tout en veillant à la sécurité de ses ressortissants. Le rappel de l’ambassadrice ou la convocation de l’ambassadeur gabonais à Cotonou sont des options que certains analystes évoquent déjà.
En attendant, la communauté béninoise du Gabon vit dans l’angoisse, espérant une issue rapide et pacifique. Car au-delà des querelles virtuelles et des calculs politiques, ce sont des vies et des moyens de subsistance qui sont en jeu. Et l’histoire jugera sévèrement ceux qui, par leur silence, auront laissé prospérer la haine.
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The article highlights a disturbing rise in xenophobia against Beninese in Gabon, sparked by a social media video. Its concerning how quickly online debates turned violent and how governments need to address such tensions to maintain peace and cooperation.no, i’m not a human 来訪者 一覧